Intervenant lors de cette rencontre, organisée conjointement par l'Association marocaine des exportateurs (Asmex) et l'Institut Amadeus, Reckya Madougou, ex-ministre et conseiller spécial PR Togo, a indiqué que "le marché intérieur africain, en lui même, est une proie à aller conquérir", soulignant l'importance de densifier le commerce intra-africain et appuyer le secteur productif, à savoir les entreprises créatrices de valeurs notamment celles qui échangent sur le continent africain.
Évoquant la zone de libre-échange continentale africaine (Zleca), Mme Madougou a noté que celle-ci peut tirer partie de la crise actuelle qui rend indispensable le commerce intra-régional. "Malheureusement, le commerce intra-africain n'est que de 15% et la Zleca peut nous ramener 33% supplémentaires sur les 15% actuel de commerce intra-continental", a-t-elle fait remarquer.
L'Afrique, a-t-elle dit, a beaucoup souffert tout en ayant beaucoup de ressources naturelles, et ce par manque de mises en oeuvre de chaînes de valeurs. "Si nous arrivons sur la base de nos potentialités à créer des chaînes de valeurs, on réussira certainement à créer, au niveau de chaque maillon, des emplois et de la richesse voire même une inter-dépendance", a-t-elle expliqué.
Pour sa part, Abdou Diop, managing partner de Mazars a relevé que la dépendance mondiale vis-à-vis de l'Asie est un élément révélateur de la nécessité de développer une certaine souveraineté industrielle. "La crise du Covid-19 a mis à nu un certain nombre de situations qui étaient latentes mais exacerbées", a-t-il fait observer, mettant l'accent sur la nécessité d'agir pour éviter que cela ne se reproduise dans le future.
Aujourd'hui, a-t-il dit, il est essentiel de pouvoir apporter une solution à la demande nationale pour laquelle on a une vraie problématique de dépendance vis-à-vis de l'extérieur, précisant que cette dépendance doit être résolue par "la coopération régionale".
Il a, dans ce sens, indiqué que les grands pays qui ont développé des écosystèmes industriels sur le continent, à l'image du Maroc, peuvent jouer "un rôle moteur" pour permettre de construire de véritables systèmes industriels sous régionaux et régionaux.
De son côté, l'expert en stratégie et en diplomatie économique et directeur général d’Africa Lion, Amine Laghidi a noté que la crise actuelle offre l'opportunité pour bâtir une économie africaine plus prospère, plus forte et plus indépendante également par rapport aux ingérences étrangères.
"Cela ne peut se faire que la main dans la main", a t-il dit, soulignant l'importance de rebâtir la souveraineté économique marocaine en collaboration avec les pays africains.
S'attardant sur le concept de la globalisation, M. Laghidi a relevé que celui-ci, qui est à l'heure actuelle pointé du doigt, peut devenir une opportunité pour les pays africains, avec le Maroc comme locomotive. "Qui de mieux que le Maroc pour jouer justement ce rôle de hub de sourcing pour valoriser les exports africains vers le monde" a-t-il précisé, ajoutant que le Royaume n'est pas uniquement un hub d'export vers l'Afrique mais aussi un hub de valorisation des exports africains.