Balla, comme adorent l'appeler avec affection les résidents du secteur, renvoie l'image d'une intégration réussie des migrants, particulièrement Subsahariens, dans une société marocaine connue globalement pour son ouverture, sa tolérance et son altérité.
En décidant de quitter le pays de la Téranga pour s'envoler vers le Royaume, il avait les idées bien en place. Il était à la quête de meilleures opportunités et voulait s'approcher davantage de l'Eldorado de l'autre côté de la Méditerranée. Mais, il a fini par aimer le Maroc et ses gens: "La société marocaine offre une ambiance conviviale qui rassure tous les étrangers installés dans le pays".
Dès qu'il a atterri dans la métropole en 2016, ce père de quatre enfants a travaillé d’arrache-pied pour gagner sa vie et subvenir aux besoins de sa petite famille. "Quand je suis arrivé à Casablanca, j’ai bien roulé ma bosse à la recherche d’un boulot et j’ai déposé mon CV dans l’espoir de décrocher un emploi, mais en vain". Seulement, c'était sans compter sur la détermination du coriace sénégalais, qui a appris à ne jamais baisser les bras.
C’est ainsi que cet électricien de bâtiment et d’électronique s’est dirigé vers Bab Marrakech, où il a pu décrocher un petit boulot dans le domaine qu’il maîtrise, à savoir la réparation des laptops et des smartphones.
Même s’il a travaillé, au départ, sous la houlette d'un "mâlem" (maître), Balla a su fidéliser sa clientèle grâce à son sérieux, son travail bien ficelé et son sens de la rigueur. Et il va finir par voler de ses propres ailes.
Après une certaine période de prospection et de familiarisation avec son nouvel environnement, Balla Sar a réussi à lancer son propre "business" en association avec des connaissances marocaines. Depuis, les affaires prospèrent et le surdoué de l'électronique aspire à attirer plus de clientèle, élargir son commerce et, surtout, gagner plus d’argent.
La journée de ce Sénégalais commence vers 11H00, où il quitte son domicile situé Boulevard Bordeaux, à destination de l’épicier du coin chez qui il prend son petit-déjeuner avant de se diriger vers son lieu de travail. A midi, il entame une longue journée de labeur où il redonne vie à des outils informatiques.
"Ma journée s’écoule entre coups de téléphone, échanges directs avec mes clients fidèles et aller-retour entre les commerces de la place, notamment pour récupérer des pièces de rechanges", raconte Balla.
En milieu d’après-midi, il se joint à ses compatriotes qui travaillent dans le même marché pour prendre le déjeuner ensemble avant de poursuivre sa longue journée.
Aujourd'hui âgé de 32 ans, Balla Sar dit toute sa fierté d'avoir choisi de s'installer définitivement au Maroc, alors qu'il aurait pu rester en Espagne, où il avait passé trois mois, avant de rebrousser chemin vers la médina de Casablanca, attiré peut-être par l'odeur des sardines grillées au feu de bois et de leurs prix imbattables. Comme quoi le bonheur est une question de perception.