Abdellah, et beaucoup d’autres comme lui, souffre au quotidien de la mainmise illégale de ces cafés et restaurants et autres échoppes et magasins qui débordent sans vergogne sur les artères et rues jusqu’aux trottoirs.
"Nous, les handicapés, sommes les grands oubliés de ce vivre en commun au sein de la société. Notre droit à la circulation est bafoué, dans l’impunité", se désole-t-il, éprouvant manifestement un malaise douloureux quant au préjudice subi et à son sort doublement triste de devoir se déplacer avec une aussi affligeante peine.
L'un des cafés ayant pignon sur rue, à Salé, à quelques encablures de plusieurs administrations publiques, étale ostensiblement sa bâche au-delà de la superficie autorisée. Les quelques centimètres le séparant du trottoir sont occupés par les motocycles des clients, qui flirtent avec les voitures stationnées devant le café. Et le piéton est malgré lui poussé à se faufiler pour se frayer son chemin dans ce labyrinthe.
"C’est inacceptable !", s’élève une passante lorsqu'elle a stoppée dans sa marche devant le café, avec son bébé dans une poussette, en haussant la voix, à bon entendeur.
Le gérant s’invite à la discussion. "Nous avons toutes les autorisations requises", se justifie-t-il, notant qu’il n’y peut rien si d’autres viennent serrer sur la chaussée et rétrécir encore plus l'infime marge de circulation des citoyens.
En effet, des autorisations sont délivrées par les services communaux pour l’occupation temporaire du domaine public, conformément à un cahier des charges et en contrepartie de redevances prédéterminées.
Sauf que ces cahiers de charges ne sont dans la majorité pas respectés et les bénéficiaires, aux dessins mercantiles, veulent en profiter au maximum.
Le contrôle et la répression s’avèrent ainsi des armes efficaces pour faire reculer les plus audacieux, pourvu que cela dure.
A cet égard, des campagnes dissuasives sont de temps en temps initiées par les autorités locales pour libérer les espaces publics, à coups d'actions allant parfois jusqu'à confiscation des chaises et tables étalées sur la voie publique, voire la destruction du bâti anarchique qui obstrue la fluidité de la circulation des piétons, au grand dam des tenanciers de cafés et restaurants.
Les contrevenants sont aussi souvent verbalisés en vertu de l’arrêté communal définissant les conditions d’exploitation provisoire du domaine public et celles de l'arrêté municipal relatif à l’hygiène adopté par les élus en février 2018.
Ces campagnes sont souvent lancées sur la base de plaintes déposées par les habitants ou par des acteurs de la société civile.
En ce sens, le secrétaire général du Conseil régional associatif de Rabat-Salé-Kénitra, Rachid El Kessia, a mis l’accent sur la nécessité d'une volonté réelle des autorités locales pour pouvoir endiguer ce phénomène, commun à toutes les villes du Royaume.
"C'est un chantier sur lequel nous sommes très mobilisés et nous avons initié plusieurs démarches en ce sens, mais nos actions n’ont qu'un effet medium face à la forte persistance des contrevenants", a-t-il regretté dans une déclaration à la MAP, appelant à la conjugaison des efforts de tous les intervenants, en particulier les élus, et à sévir avec une main de fer contre les récalcitrants, pour permettre un usage sain et collectif du domaine public.