Ainsi, quatre experts en relations internationales ont discuté et échangé leurs points de vue sur ce sujet pendant près de deux heures. Parmi eux, le directeur du Centre HEC de Géopolitique, Pascal Chaigneau, qui a de prime abord salué la position économique du Maroc en Afrique, estimant que "s'il y a un pays qui ne manque pas de comprendre que sa stratégie est africaine, ce sera le Maroc".
Cet avocat de profession a ensuite expliqué les contours de la politique de la Chine en Afrique, évoquant notamment sa stratégie des "routes de la soie", laquelle "montre à bien des égards son recours au soft-power de plus en plus actif en Afrique".
La Chine, "acteur politique et diplomatique de premier plan sur le continent", a renforcé sa position en terres africaines en se focalisant sur une stratégie portuaire, a estimé M. Chaigneau.
Toutefois, l'empire du milieu "n'est pas appelé à rester le seul acteur en Afrique" d'après l'expert, qui pense que l'Inde est aussi dans une logique de stratégie africaine.
Quant aux rapports Moyen-Orient-Afrique (deuxième thème du panel), Khalid Chegraoui, Senior Fellow au PCNS a tenté de faire le tour des perspectives de ces relations et de leurs retombées sur toute la région.
Rappelant l'importance économique de l'Afrique (ex. 90% des platinoïdes et du chrome de la planète), M. Chegraoui, qui est également vice-doyen Sc.po et Relations internationales à l'Université Mohammed VI Polytechnique, a souligné que l'Afrique est indubitablement liée au Moyen-Orient.
Pour sa part, le chercheur au Centre HEC de Géopolitique, Eugène Berg, s'est attardé sur "le retour de la Russie sur le champ africain", évoquant à cet effet ce qu'il a qualifié d'"étapes et de leviers" de la Russie en Afrique.
Pour cet ancien ambassadeur de France en Namibie et au Botswana, le "retour" de la Russie sur ce continent s'est fait par étapes et a commencé à l'époque de l'ancien président Boris Yeltsin.
Le vrai "come-back" de cette puissance a débuté véritablement en 2006 avec le président actuel Vladimir Poutine quand il s'est déplacé au Maroc, a-t-il fait observer.
La deuxième étape franchie commence à partir de 2011, indique M. Berg, rappelant qu'à cette époque, la Russie a nommé un premier représentant spécial pour la coopération avec l'Afrique et tenu son premier forum russo-africain qui "a contribué à la structuration de la politique russe sur le continent".
Au sujet des leviers russes en Afrique, l'ancien diplomate a notamment cité "la coopération pragmatique" en termes de gouvernance, l'attachement aux valeurs traditionnelles ainsi que le soutien informationnel.
La dernière intervention de ce premier panel matinal était de l'expert "Inde" du Centre HEC de Géopolitique, Rodolphe Monnet, qui s'est intéressé à "la politique africaine de Narendra Modi", premier ministre indien.
D'après lui, le dirigeant indien a, dès 2014, multiplié les efforts sur la scène internationale, en particulier en termes de rapprochement avec les pays du Moyen-Orient mais aussi du lancement d'un nouveau chapitre avec l'Afrique.
Il s'agit d'un "premier ministre pro-africain qui a pu bâtir une vraie politique vis à vis de l'Afrique" afin de "sécuriser les chaînes d'approvisionnement indiennes (gaz, hydrocarbures et pétrole) et permettre à l'économie indienne de tourner à plein régime", a-t-il dit.
Modéré par Nouzha Chekrouni, Senior Fellow au PCNS, ce panel est le premier d'une série de deux thèmes des "Dialogues stratégiques". D'autres débats sont prévus cet après midi et verront la participation de plusieurs experts et de chercheurs du Nord et du Sud.