Dans un entretien accordé à M24, la chaîne d’information en continu de l’Agence Marocaine de Presse (MAP), Nasser Jebbour, chef de division à l'ING, revient sur les causes de cette activité sismique et évoque les missions de l'institut.
1 - Dans la province de Driouch, plusieurs secousses telluriques se sont produites en deux semaines. Comment expliquez-vous cela?
Les secousses enregistrées récemment dans les provinces du nord, à savoir Al Hoceima, Driouch et Nador sont des répliques qui suivent la secousse principale qui s'est produite en janvier 2016, considérée relativement violente avec une magnitude de 6,3 degrés sur l'échelle de Richter.
Malgré la longue durée séparant la secousse principale et les répliques, cela est normal. Le retard des répliques est dû à la géologie complexe de la bande côtière nord adjacente à la mer d'Alboran ou la partie occidentale de la méditerranée. Ces secousses sont considérées faibles, puisque leurs magnitudes ne dépassent pas 4,5 degrés sur l'échelle de Richter.
Par ailleurs, nous avons remarqué que ces secousses sont différentes de celles prémonitoires (secousses qui précèdent les secousses principales fortes), en termes de répartition géographique et de magnitude. Ces secousses comblent un vide en matière d'activité sismique dans la zone maritime. Ce vide est maintenant rempli par ces répliques qui se produisent en retard.
2 - Comment l'ING a réagi à ces secousses ?
En s'appuyant sur un réseau de stations sismiques réparties sur tout le Royaume et grâce à une expérience accumulée dans le domaine de la surveillance sismique, l'ING, relevant du Centre national pour la recherche scientifique et technique (CNRST), œuvre principalement à la surveillance et à l'alerte sismique, et ce 24h/24 et 7j/7.
Dès l'observation d'une augmentation du nombre de secousses telluriques dans les provinces du nord du Royaume par rapport aux années précédentes, l'institut a bien évidemment assuré le suivi continu de cette activité.
Les données relatives à certaines secousses détectées et ressenties ont été diffusées pour fournir l'information juste et précise ainsi que pour rassurer les citoyens concernés. Il y a eu par ailleurs, des secousses faibles que la population n'a pas ressenti. Nous les avons inclus dans le tableau quotidien des secousses.
3- Quelles sont les missions de l'Institut national de géophysique?
L'ING dispose de 32 stations qui travaillent 24h/24 et permettent de donner des informations au bout de quelques minutes après toute secousse, notamment son épicentre, sa magnitude sur l’échelle de Richter et les zones où elle a été ressentie.
Grâce au développement technologique, l’institut dispose d'un réseau numérique pour la surveillance sismique. Ainsi, toutes les données et les signaux sismiques lui sont envoyés directement à travers les satellites. Ce qui permet un contrôle en temps réel.
En plus des stations existantes, on travaille sur l'élargissement du réseau national de surveillance sismique. Dans ce cadre, dix nouvelles stations sismiques seront créées, notamment deux à Laâyoune et Smara. L'institut dispose depuis trois ans, d'un centre national d'alerte aux tsunamis, qui veille à la collecte des informations auprès de tous les observatoires mondiaux chargés de la surveillance des tsunamis et à la notification dans quelques minutes de toute secousse forte. Généralement, toute secousse de magnitude supérieure à 6 degrés sur l'échelle de Richter est suivie d'une alerte au tsunami.
Il existe des appareils de mesure du niveau de la mer, dans le cadre du système d'alerte de tsunami, qui permettent l'alerte précoce et donnent assez de temps pour évacuer les lieux exposés à ces vagues pouvant représenter un danger pour les habitants.