L’Éthiopie maintient son calendrier de remplissage tout en réitérant son attachement à des négociations avec l’Égypte et le Soudan qui aboutiront à «une solution gagnant-gagnant pour tous» sous l’égide de l’Union africaine, au moment où le Caire et Khartoum optent pour une médiation quadripartite menée par la République démocratique du Congo et composée de l’UA, des Nations Unies, de l'Union européenne et des États-Unis.
La construction et le remplissage du grand barrage se tiendront selon le calendrier fixé, a réaffirmé mardi le porte-parole du ministère éthiopien des Affaires étrangères, Dina Mufti, réitérant l’engagement de l’Éthiopie à utiliser les ressources en eau du Nil de manière juste et équitable sans causer de dommages aux pays en aval.
Le responsable éthiopien qui s’exprimait lors d’une conférence de presse a accusé le Soudan et l’Égypte de vouloir «internationaliser inutilement la question du grand barrage la Renaissance», réaffirmant dans ce sens l'engagement de l’Éthiopie en faveur d'une solution pacifique pour trouver une solution à cette épineuse question.
L’Éthiopie a fait des concessions pour garantir le succès des négociations, entre autres, la volonté d'échanger des données et d'élargir le rôle des observateurs afin qu'ils puissent donner leurs opinions et consulter séparément les parties aux négociations, a souligné le porte-parole.
Réuni fin avril dernier, le Conseil national de sécurité d’Ethiopie, de son côté, était clair : le deuxième remplissage du grand barrage sera maintenu à la date prévue.
Le deuxième remplissage du barrage sera réalisé malgré les défis auxquels le pays est confronté de l'intérieur et de l'extérieur, souligne un communiqué du Conseil national de sécurité publié à l’issue d’une réunion consacrée à la situation sécuritaire dans le pays, la question du grand barrage et les élections générales prévues en juin prochain.
De son côté, le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed a, à mainte reprises, réaffirmé que le deuxième remplissage aura lieu en juillet prochain. Pour le chef de l’exécutif éthiopien, Addis-Abeba n'a pas l'intention de nuire aux pays situés en aval.
L’attachement de l’Ethiopie au deuxième remplissage intervient à un moment où les médiations de l’Union africaine et des Etats-Unis se multiplient ces derniers jours pour une trouver une issue à la relance des négociations entre les trois pays.
Début du mois courant, le président de la République démocratique du Congo, qui préside actuellement l'Union africaine, Félix Tshisekedi, a entamé une tournée dans les trois pays pour tenter de relancer les pourparlers.
A Khartoum, Félix Tshisekedi, a annoncé une initiative lors de ses entretiens avec Abdel Fattah Al-Burhan, le président du Conseil souverain du Soudan qui est «à l'étude par les autorités concernées», selon les responsables soudanais.
La tournée du président en exercice de l’UA intervient après la réunion tenue du 3 au 5 avril à Kinshasa sous la présidence de la République démocratique du Congo avec la participation du Soudan, de l'Egypte et de l'Ethiopie.
Côté américain, l’émissaire US pour la Corne de l'Afrique, Jeffrey Feltman, avait effectué lui aussi une tournée dans la région où il a évoqué la question du grand barrage la Renaissance avec les responsables égyptien, soudanais et éthiopien.
Le gigantesque barrage la Renaissance, rappelle-t-on, avec 155 mètres de haut et 1,8 km de long, aura une puissance de 6000 mégawatts après achèvement des travaux, ce qui va permettre de couvrir tous les besoins de l’Ethiopie en électricité.