La protection de la vie privée et des données personnelles est un droit fondamental, dont il faut trouver les compromis en cas de l'émergence, en même temps, de plusieurs droits, notamment le droit à la santé, a expliqué M. Seghrouchni, invité à l'École nationale supérieure d'informatique et d'analyse des systèmes (ENSIAS).
Dans un cours magistral adressé aux étudiants de ENSIAS, intitulé "la confiance numérique au préalable de la transformation digitale", M. Seghrouchni a passé en revue quatre principaux axes: la proportionnalité, l'importance des écosystèmes, l'analyse d'impact sur la vie privée et l'expérimentation, avec un focus sur le "pass vaccinal" en tant que cas d'espèce.
Mettant l'accent sur la proportionnalité quant à la gestion des données personnelles, le président de la CNDP a fait savoir que la manipulation de ces données constitue en elle-même un risque où une analyse d'impact sur la vie privée en la matière s'impose.
"En plus des ingénieurs, cette analyse doit être sociétale où il faut impliquer les sociologues, les gens des sciences humaines et d'autres pour digitaliser la société", a-t-il dit.
M. Seghrouchni a relevé, à cet égard, que la digitalisation de la société ne passe pas nécessairement par le développement et la mise en œuvre des applications, mais par le bais de l'installation des mécanismes de confiance reconnus et acceptés.
"Du fait de la technologie, on est basculé dans une société de traçabilité, ce n'est pas parce que tout est technologiquement traçable, que tout doit être traçable", a-t-il noté, tout en appelant à faire la distinction entre la technologie et son usage.
C'est dans ce cadre qu'intervient la CNDP pour veiller à ce que cet usage soit équilibré et acceptable, d'où la nécessité de dosposer au préalable d'un code de confiance numérique pour toute politique de digitalisation.
Abordant la question du "pass vaccinal", M. Seghrouchni a fait observer que ce n'est pas un outil de restriction d'activités mais un outil de contrôle d'accès qui a été imposé par le contexte sanitaire et qui va permettre de renforcer et concilier à la fois la mobilité et la santé collectives.
Enfin, le président de la CNDP s'est dirigé aux futurs lauréats de l'ENSIAS en leur disant: L'enjeu réel aujourd'hui est que le pays a besoin d'ingénieurs qui maîtrisent la technique et la conséquence de celle-ci sur la société et, pour ce faire, "il faut respirer la protection des données personnelles".