Gouvernements, organisations internationales et institutions financières nationales, régionales et internationales, sont appelés à œuvrer pour garantir la pérennité de ces flux qui butent sur des coûts élevés et de longs délais, ont souligné les intervenants représentant, entre autres, l’OMC, la Banque Mondiale, l'Organisation internationale du travail (OIT), l’Organisation internationale pour la migration (OIM), ou encore Bank Al Maghrib dont le Directeur général, Abderrahim Bouazza, a présenté à cette occasion l’expérience nationale pour encourager les transferts de fonds des Marocains du monde.
Pour le Directeur général adjoint de l’OMC, Xiangchen Zhang, la question des transferts de fonds des migrants est d’une importance capitale pour beaucoup de pays en développement, plus particulièrement en Afrique.
“Elle est liée aux services de commerce, financiers et aux mouvements des personnes, mais au-delà au développement durable”, a-t-il précisé, notant que l’OMC ne peut pas traiter cette problématique d’une manière individuelle.
“Nous avons besoin d’une action collective des organisations internationales et des institutions financières”, a souligné le DG adjoint de l’OMC qui dit apprécier l'initiative de la Mission permanente du Maroc auprès de l’ONU-Genève et de l’OMC de choisir cette thématique pour ce panel organisé dans le cadre du Forum public de l’OMC.
Présidant l’ouverture de ce panel, placé sous le thème “Transferts de fonds des migrants, commerce inclusif et développement”, l’ambassadeur Omar Zniber, Représentant permanent du Royaume du Maroc auprès de l’ONU-Genève et de l’OMC, a souligné l’importance de cette thématique pour les États membres.
Il a plaidé pour davantage de coopération entre les différentes Organisations internationales et institutions financières, rendue plus que jamais nécessaire dans une conjoncture mondiale en mutation rapide, à plusieurs niveaux, géopolitique, économique, commerciale et technologique.
Dans le cadre de cette mutation des chaînes de valeurs et/ou du Commerce mondial en terme général, a-t-il relevé, il y a un besoin de se re-mondialiser (thématique du Forum Public 2024 de l’OMC), et pour y parvenir, a-t-il dit, les États ainsi que les décideurs internationaux “doivent prendre des décisions éclairées, notamment les pays en développement et les pays les moins avancés, en vue d’accompagner cette transition et faire face aux nombreux défis qui en découlent”.
L’amélioration de la transparence du système de transfert de fonds, la promotion de la concurrence loyale, le renforcement de la digitalisation et de l’interconnexion des plateformes, la mise en place d’une fiscalité incitative,.. sont autant de mesures recommandées lors de ce panel de haut niveau pour relever le défi de l’inclusion financière des migrants.
Pour les panélistes, l’amélioration du processus de transfert ne peut se passer sans inclure au maximum les migrants dans le circuit financier, aussi bien dans les pays d’accueil que dans les pays d’origine, d’autant plus que d’importants montants échappent toujours au circuit financier, ce qui représente un manque à gagner pour le développement économique et social des pays.
L’inclusion des migrants dans le circuit financier permettrait, selon les intervenants, de sécuriser les transferts, de réduire les coûts et les délais, et partant d’utiliser les fonds des migrants dans des projets d’investissement à même de stimuler la croissance économique et le développement.
La Sous-directrice générale des relations extérieures et institutionnelles à l'Organisation internationale du Travail (OIT), Laura Thompson, a souligné à cet égard l’importance de favoriser un environnement attractif des avoirs des migrants de manière à servir au mieux l’intérêt des communautés et le développement des pays, tandis que la Représentante Spéciale de la Banque Mondiale auprès de l'ONU et de l'OMC à Genève, Maria Dimitriadou, a chiffré à 31 milliards de dollars par an les pertes liées aux coûts élevés des transferts de fonds.
De son côté, la Directrice générale adjointe de l’OIM, Ugochi Daniels, a félicité le Maroc pour la pertinence de cette thématique, un sujet qui intéresse à la fois l’OMC, qui célèbre le 30è anniversaire de sa création en vertu de l’accord de Marrakech, et pour l’OIM, dont le Global Compact on Migration a été adopté dans cette même ville en 2018.
Elle a souligné que la migration et le commerce sont intrinsèquement liés. En témoigne la reprise des flux commerciaux postpandémie qui a été largement tributaire de la migration. D’où l’intérêt, a-t-elle plaidé, pour encourager des voies de migration sûres et régulières à même d’accélérer la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD).
Compte tenu de l'importance des transferts de fonds des migrants dans le PIB de plusieurs pays, cette réunion a mis l’accent sur le rôle des migrations internationales, en tant que moteur du développement humain, du commerce inclusif, de l'investissement productif et de la croissance économique, comme en témoigne l'augmentation des transferts de fonds internationaux entre 2000 et 2022, de 128 milliards de dollars à 831 milliards de dollars, dont 647 milliards ont été envoyés vers les pays à revenu faible et intermédiaire.
Coïncidant avec le 30e anniversaire des Accords de Marrakech, instituant l’OMC, ce panel a été sélectionné parmi un nombre record de plus de 300 candidatures reçues pour le Forum public 2024, l’un des plus grands événements de sensibilisation de l’OMC.
Il a été notamment l'occasion pour l'OMC, le système des Nations Unies pour le développement et les migrations et les institutions financières internationales de mener une réflexion sur des mesures efficaces pour renforcer la coopération afin de réduire le coût des transferts de fonds, qui constitue un défi majeur pour les économies des pays en développement et des pays les moins avancés.