Cette conférence de deux jours, qui réunit des oulémas, des universitaires et des chercheurs du Maroc et d'ailleurs, s'inscrit dans le cadre de l'intérêt porté par la Rabita Mohammadia des Oulémas et la Ligue islamique mondiale aux évolutions contemporaines qui nécessitent l'exploration des meilleures voies pour créer un climat propice au renforcement et au renouvellement de la foi, ainsi que pour élaborer des cadres de réflexion judicieux afin de se prémunir contre les idées négatives.
S'exprimant à l'ouverture de la conférence, le secrétaire général de la Rabita Mohammadia des Oulémas, Ahmed Abbadi, a souligné l'importance d'examiner la dissociation entre la foi et les sciences dans l'esprit d'une partie de la jeunesse, estimant qu'une analyse approfondie des causes de ce phénomène permet d'identifier plusieurs facteurs, notamment certaines influences modernes qui remettent en question l'existence sous divers angles.
Il a, à ce titre, souligné que la foi offre une vision globale rendant possible de joindre l'ensemble des éléments ayant trait à l'existence, notant que la rupture entre la religion et la science est due à l'apparition de plusieurs théories qui ont induit les gens en erreur, en leur faisant croire à une prétendue antinomie entre les deux concepts.
Pour sa part, le Secrétaire général de la Ligue islamique mondiale, Président de l'Organisation des savants musulmans, Cheikh Mohammad ben Abdulkarim Al-Issa, a mis en avant l'impératif de dissiper les doutes qui surgissent concernant le concept de la religion, par le biais d'un discours compréhensible par tous, tout en évitant le formalisme et la rigidité dans l'expression.
Il a relevé que "les polémiques autour de l'athéisme sont aussi anciennes que l'histoire humaine", contrairement à l'idée selon laquelle sa propagation est plus forte qu'auparavant, en raison des découvertes des sciences naturelles qui ont conduit à des débats sur l'athéisme, appelant à traiter ces questions en s'appuyant sur des preuves de la foi qui constituent des arguments révélateurs.
De son côté, le directeur général de l'Organisation du monde islamique pour l'éducation, la science et la culture (ISESCO), Salem Ben Mohammed El Malek, a averti que la révolution des communications et de l'intelligence artificielle est désormais un terrain propice à la propagation de l'athéisme, ce qui requiert l'adoption de plusieurs mesures pour y faire face, mettant l'accent sur la foi en tant que constante qui résiste aux transformations.
Il a, à cet effet, émis un nombre de recommandations, dont la promotion de la foi, l'adoption d'une formule d'alliance internationale de la foi, l'octroi d'une place prépondérante à l'éducation à la foi pour les générations montantes, l'instauration de programmes innovants de foi destinés aux jeunes, et le lancement de programmes télévisés tirant profit des applications d'intelligence artificielle pour relier science et foi.
Pour sa part, Serge Berdugo, ambassadeur itinérant de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et secrétaire général du Conseil des communautés israélites du Maroc, a insisté sur l'importance pour les religions de s'opposer à toute forme de violence et de haine, ajoutant le besoin d'œuvrer pour l'identification de moyens à même de renforcer les points communs et résoudre les différends, outre l'élaboration de politiques favorisant la coexistence pacifique, notamment en ayant recours aux médias et réseaux sociaux.
Après avoir passé en revue l'expérience de coexistence entre musulmans et juifs dans le Royaume, M. Berdugo a souligné que le Maroc a œuvré pour la préservation du patrimoine matériel et immatériel israélite dans le pays, affirmant que le Maroc représente un modèle à suivre en matière de dialogue interreligieux et de respect d'autrui.
Dans une allocution lue en son nom, son Éminence Mgr Cristóbal Lopez Romero, cardinal archevêque de Rabat, a affirmé que le monde traverse des changements constants, d'où l'impératif d'accorder une attention accrue à la question de la foi en Dieu, mettant en lumière la liberté de culte dont jouit l'Eglise catholique au Maroc.
Au programme de la conférence figurent cinq sessions scientifiques portant sur "L'athéisme dans le contexte contemporain: état des lieux et critique", "La foi à la lumière des technologies modernes: enjeux et défis", "La révolution numérique et l'émergence de nouveaux influenceurs dans la religion", "La place des théories philosophiques et cognitives dans la formation des concepts, de l'histoire et de la civilisation", ainsi que "La construction de la foi: réalité et perspective".