A l'instar des dizaines de milliers de villageoises originaires des localités de Lehri, Ouaoumana, Aït Ishaq et Moulouiya, Yettou partage ses journées entre le travail domestique et le travail dans le champ en vue d'améliorer sa situation financière et sociale dans un milieu extrêmement difficile où la femme pâtit encore de la marginalisation et de l’exclusion.
Mère de trois enfants, Yettou (49 ans) a indiqué dans une déclaration à la MAP qu’elle travaille environ 12 heures par jour, tiraillée entre tâches ménagères et diverses besognes dans les champs.
Au fil de plusieurs années de pratique, Yettou a pu développer une certaine maîtrise des activités agricoles. Pourtant, à l’image de ses pairs qui s'affairent sur les champs et qui constituent la plus importante main-d'œuvre du secteur au niveau de la région, elle n'a jamais suivi aucune formation ni dans le domaine de l'agriculture et de la culture de la terre et encore moins en ce qui concerne l'élevage du bétail.
La culture des coopératives féminines agricoles qui s’est instaurée dans les communes rurales de la province de Khénifra, a motivé Yettou et nombre de ses voisines du village à se lancer dans cette aventure afin d'améliorer leur situation économique, assurer leur autonomie financière et sortir de l'emprise d’une société machiste.
C’est ainsi que Yettou s'est engagée dans le domaine coopératif en créant une coopérative spécialisée dans l’élevage des vaches laitières en 2017.
Lancée avec des moyens très modiques, cette coopérative a pu, en peu de temps, générer des revenus, permettant ainsi à Yettou et aux autres membres de cette association de disposer de moyens financiers qui leur permettent de subvenir aux besoins de leurs ménages, chose qui n’était pas possible auparavant.
Pour Yettou, à travers leur travail dans les coopératives, les femmes du village visent le même objectif, celui d’améliorer leur niveau de vie de même que la condition de la femme dans la région en lui donnant l'occasion de s’affirmer dans le monde du travail.
La célébration de la Journée internationale de la femme (8 mars) doit être une occasion pour jeter la lumière sur ces femmes rurales qui travaillent en grande partie dans les champs dans des conditions difficiles et réfléchir sur les moyens à même de promouvoir leur situation sociale et leur permettre de sortir de la pauvreté et de la précarité, a-t-elle dit.
Des centaines de femmes des villages pauvres de la région de Khénifra ont trouvé dans les coopératives et les associations de l’économie sociale et solidaire un mécanisme attractif pour renforcer leur indépendance financière et déconstruire les stéréotypes qui se sont greffés autour de la femme rurale.
Ces coopératives concernent généralement l'élevage bovin et caprin, la production du lait, du miel et de certains produits du terroir, ainsi que la confection des tapis et autres activités. La plupart de ces coopératives sont de petite taille, mais leur contribution en terme d’émancipation de la femme rurale est inestimable.