L'œuvre, dont la trame se déroule dans un pays africain que le jeune cinéaste n’a pas voulu nommer, jette la lumière sur le phénomène de l’occupation du continent à travers l’économie, plus précisément les agissements de nombreuses compagnies étrangères qui exploitent les richesses naturelles selon des conditions souvent jugées injustes.
Le film relate l’histoire de Yohani, un citoyen africain qui fait de son mieux pour subvenir aux besoins de sa femme enceinte. Un jour, il trouve une pépite d’or dans une mine, qu’une société chinoise exploite sans en partager les richesses avec la population locale.
Essayant de fuir avec sa précieuse découverte, Yohani se trouvera en confrontation avec Cheng, un Chinois chargé de la gestion de la mine et qui est près à tout pour récupérer la pépite.
De même, le film décrit le traitement violent et sévère que Cheng réserve aux travailleurs africains de la mine, surtout s’ils tentent de protester. En effet, l’Afrique ne représente pour cette société chinoise qu’une grande mine à exploiter jusqu’à épuisement, via une main d'œuvre locale bon marché.
Evoquant son film, le réalisateur a affirmé vouloir attirer l’attention sur la question de la “présence chinoise en Afrique”, soulignant que l’activité de nombreuses compagnies chinoises génère le sentiment qu’il s’agit d’une “nouvelle forme d’occupation” qui s’installe sur le continent.
Dans une déclaration à la MAP, M. Amuli a indiqué qu’il veut, à travers ce film, lancer un débat sur cette question auprès des spectateurs africains et étrangers, estimant que le FICAK représente pour lui une occasion idoine, les Khouribgis étant connus pour être un public connaisseur et ayant une grande culture cinématographique.
Lors de la discussion autour de ce film avec le public du festival, le réalisateur n’a pas cherché à minimiser la forte dimension politique de ce long métrage. “C’est ma façon à moi d’attirer l’attention des gens et de changer leur manière de penser”, à l’image de Yohani qui, en découvrant la pépite d’or, a pris conscience de l’ampleur du phénomène de la surexploitation des ressources locales par les compagnies étrangères.
Si le réalisateur rwandais n’a pas souhaité préciser le nom du pays dans lequel se déroule l’histoire, c’est parce que, selon lui, ce phénomène est présent dans de nombreux pays d'Afrique.
A travers ce film, Yuhi Amuli lance un nouveau round dans le combat contre la nouvelle forme d’occupation de l’Afrique, une bataille déjà entamée grâce à de grandes figures du cinéma africain, comme le Sénégalais Ousmane Sembène, qui ont jeté la lumière sur les souffrances des Africains durant la période coloniale et postcoloniale.
D’ailleurs, ce film ne se limite pas à dénoncer la surexploitation étrangère des richesses africaines, mais soulève d’autres questions comme la corruption et l’instrumentalisation de la religion pour faciliter l’exploitation des ressources, entre autres.
“A Taste of Our Land” est le premier long métrage de Yuhi Amuli, qui compte à son actif trois courts métrages, avec lesquels il a participé à plusieurs festivals à travers le monde.
Douze autres films sont en lice dans le cadre de la compétition officielle du long métrage, représentant le Maroc, la Tunisie, le Tchad, l’Algérie, l’Egypte, la Zambie, le Burkina Faso, le Sénégal, le Cameroun, la Côte d’Ivoire et la Namibie
Présidé par le réalisateur marocain Saâd Chraïbi, le jury de cette édition compte pour membres Hammadi Guiroum (Maroc), Kantarama Gahigiri (Rwanda), Maguèye Kassé (Sénégal) et Khaled El Hagar (Egypte).