Les premières Assises de la régionalisation avancée, organisées vendredi et samedi à Agadir, ont constitué un moment de réflexion autour des meilleurs moyens de mise en œuvre de ce chantier stratégique destiné à redéfinir les modes de gestion et répondre aux aspirations du citoyen en termes de progrès, de prospérité et de développement durable.
Deux jours durant, environ 1.400 participants à ce conclave, organisé par le ministère de l'Intérieur et l'Association des Régions du Maroc, ont planché sur le bilan d’étape de la mise en œuvre de ce projet d’envergure, l’application de la charte nationale de la déconcentration administrative, l’identification des défis et le partage des bonnes pratiques.
Le message royal adressé aux participants de ces Assises a constitué, à cet effet, une feuille de route claire et précise pour la prochaine étape de mise en œuvre de ce chantier.
Sa Majesté le Roi Mohammed VI a ainsi invité les Régions à faire une évaluation d’étape pour redresser le cap dans la définition des projets prioritaires et leur hiérarchisation, ainsi que dans l’élaboration d’une architecture renforcée des projets programmés et de leur montage financier, soulignant que "le but ultime est de garantir l’efficacité de ces projets et de parvenir à faire converger les différentes politiques et les divers programmes publics au niveau régional".
SM le Roi a aussi mis en exergue l'importance de mettre à profit les mécanismes contractuels établis entre les Régions, l'État et le reste des intervenants en vue d'élaborer et de mener à bien les projets de développement prioritaires.
L’application effective de la régionalisation avancée, de ses principes théoriques comme de ses modalités pratiques, reste tributaire de la mise en place d’une politique régionale clairement définie et réalisable en matière économique, sociale, culturelle et environnementale, a souligné Sa Majesté le Roi.
Les Orientations Royales ont trouvé leur écho auprès des participants. Le président de l’ARM, Mohand Laenser, a souligné à cet effet que pour une action collective efficiente, la contractualisation Etat-Régions constitue un "pilier essentiel" pour la mise en œuvre des programmes de développement régional, afin de faire du projet de la régionalisation avancée un levier pour l'intégration et la convergence entre les orientations stratégiques de l'Etat et les besoins du développement aux niveaux régional et local.
Le responsable a rappelé, dans ce sens, que dans l'objectif de définir un cadre adéquat pour l'action collective entre l'Etat et les régions en faveur de la mise en œuvre des programmes de développement régional, d'un côté, et des attributions de la région, de l’autre, l'ARM et le ministère de l'Intérieur (Direction générale des collectivités locales) ont procédé à la mise en place d'un cadre général et opérationnel de l'approche contractuelle, en partenariat avec l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Dans la même logique, l’un des moments forts de ces Assises a été la signature du Cadre d'orientation pour la mise en œuvre de l’exercice des compétences des régions, entre des membres du gouvernement et les 12 présidents des conseils régionaux du Royaume.
L’objectif de ce Cadre d’orientation est de tirer profit des conclusions de l’étude relative à la définition des compétences propres et communes des régions, et partant accélérer l’exercice de ces compétences ainsi que l’adhésion de toutes les parties au processus de mise en œuvre, en droite ligne avec les compétences de chaque région et ses moyens financiers et humains disponibles.
Pour ce faire, le cadre définit les moyens de coopération et de partenariat entre les parties prenantes dans un cadre contractuel soulignant les engagements des parties sous forme de contrats-programmes entre chaque région et le département gouvernemental concerné, le but étant de mettre en œuvre les compétences propres et communes de la région, tout en veillant à leur adéquation avec le programme de développement régional et des stratégies sectorielles y afférentes.
Les thématiques des ateliers ont été, en effet, choisies de manière à toucher à tous les volets liés à la mise en œuvre de ce chantier. Ainsi, les Panélistes ont passé au crible une série de sujets liés au développement régional intégré entre les impératifs de la réduction des disparités territoriales, aux enjeux de la compétitivité et l'attraction de l’investissement, à la gouvernance financière et aux problématiques de financement des régions entre enjeux et perspectives, à la déconcentration et la contractualisation, en s'arrêtant notamment sur les piliers d'une bonne gouvernance de l’action publique territoriale.
Les participants ont également échangé autour des compétences des régions comme enjeu au cœur du processus de la régionalisation avancée, la démocratie participative comme levier pour une mise en œuvre participative de la régionalisation avancée, ou encore l’administration régionale, vers un nouveau modèle de management.
Des représentants d'instances élues, des instances consultatives créées auprès des conseils des régions, des centres régionaux d’investissement, des représentants des établissements publics, des universitaires, des experts nationaux et internationaux des partenaires internationaux, outre des acteurs des secteurs public et privé ont participé au débat.
Au terme de ces échanges, une série de conclusions et de recommandations ont couronné les travaux des six ateliers thématiques des Assises. Des appels ont ainsi été lancés en faveur du renforcement des mécanismes de la planification territoriale en droite ligne avec la politique générale de l’Etat en la matière, l’adoption de la justice territoriale, la conclusion des contrats-programme entre l’Etat et les collectivités territoriales en matière de compétences transférées et le renforcement des capacités des collectivités territoriales.
L’accent a été également mis sur la nécessité de promouvoir les capacités de gestion de la région, à travers des compétences hautement qualifiées dans son domaine de compétences et la mise en œuvre de ses structures organisationnelles, et sur la mise en place les mécanismes de la gouvernance et activer les mécanismes de coordination et de communication entre l'administration de la région et les différents intervenants.
La mise en oeuvre de la déconcentration administrative est le prélude à une gestion régionale solide, a indiqué le ministre de l'Intérieur, M. Abdelouafi Laftit lors de la séance de clôture.
Le ministre de l'Intérieur a annoncé dans ce cadre l'organisation des Assises nationales de la régionalisation tous les deux années, ainsi que l'organisation en 2020 du 2-ème Forum national des collectivités territoriales sous le thème "le développement des agglomérations urbaines". (MAP).