"L’Amérique a reconnu la marocanité du Sahara et n’entend nullement revenir sur sa décision quelle que soit l’équipe dirigeante à la Maison Blanche. Tel était le message coup de poing que David Schenker a délivré aux autorités algériennes encore abasourdies par le bel ouvrage diplomatique marocain", souligne Mustapha Tossa dans un décryptage sous le titre "Sahara, l’irréversible reconnaissance américaine".
Le responsable américain a également affirmé que pour les Etats Unis, seules des négociations politiques entre les parties "dans le cadre du plan marocain d’autonomie sont en mesure de trouver un règlement" à la question du Sahara, poursuit M. Tossa. Ces déclarations, d’une "grande limpidité", ont fait "l’effet d’une bombe dans le ciel algérien", car leur auteur n’"est pas un fonctionnaire anonyme de l’appareil diplomatique américain dont on oublie le nom et la fonction sitôt sorti du radar de l’actualité", souligne le politologue dans ce décryptage publié sur le site Atlasinfo.
Il s’agit de David Schenker, Sous-secrétaire d’Etat américain en charge des questions du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord au département d’Etat : "un pur produit de ce que la presse américaine appelle le "deep state", un des puissants faiseurs de stratégie américaine dans le monde et concepteur de son influence", fait observer le politologue.
"David Schenker est important dans l’appareil diplomatique américain" et "ce à quoi il s’est livré à Alger devant les caméras de la propagande algérienne n’était ni plus ni moins qu’un exercice de clarification pour tuer dans l’oeuf toutes les chimères et les fausses espérances entretenues par ceux, encore incrédules que le Maroc ait pu réaliser cette belle performance de convaincre la plus grande puissance du monde de ses droits incontestables sur son Sahara", soutient-il.
Quant aux médias algériens, "enfermés dans leurs propagandes et leurs illusions", ils ont été "estomaqués à un point ou même ceux qui lisent les dépêches de l’agence officielle n’en reviennent pas de son contenu et n’en croient pas leurs yeux et leurs oreilles", relève-t-il. Car, "il faut dire que depuis le tournant historique de la reconnaissance américaine, la religion officielle en Algérie était d’entretenir le doute et d’évoquer de manière mal intentionnée les possibilités que le futur maître de la Maison Blanche, Joe Biden, puisse revenir sur l’ensemble des décisions diplomatiques prises par l’équipe de Donald Trump".
"Non seulement cette hypothèse n’est nullement envisageable comme vient de le trancher avec sa délicatesse habituelle David Shenker, mais à ceux qui entretiennent encore ce doute, ces interrogations sont inévitables. Pour quelle raison l’administration Biden ferait marche arrière sur cette question ? Pour plaire aux séparatistes du Polisario qui non seulement reçoivent aides, formations et soutiens du Hezbollah épaulé par l’Iran, un des cauchemars de la Maison Blanche ? Ou pour aider un mouvement insurrectionnel en totale connivence avec les groupes armés du Sahel qui menacent ouvertement la sécurité et la stabilité de la région si indispensables à la prospérité économique des pays concernés ? Ou encore pour plaire aux autorités d’un pays, l’algérie, qui menace de mettre le feu dans l’ensemble de la région ?", poursuit l'analyste.
"Toutes ces raisons, affirme-t-il, rendent la décision américaine irréversible et mettent davantage la pression sur l'Algérie pour sortir de ses contradictions et mettre à jour le logiciel avec lequel elle compte établir des relations de bon voisinage avec le Maroc".
Selon M. Tossa, "David Schenker a les composantes de la solution: qu’Alger discute avec Rabat dans le cadre du plan d’autonomie proposé par le Maroc. Ce qui équivaut à demander aux autorités algériennes d’abandonner leurs fantasmes de couper le royaume du Maroc de ses racines et sa profondeur africaine".