L'événement placé sous le thème: "l’Amérique Unie" ne ressemblera nullement aux festivités fastueuses traditionnelles en pareille moment solennel qui marque la transition pacifique du pouvoir d’un président à son successeur.
Outre la pandémie de Covid-19 qui touche le pays de plein fouet, avec un bilan qui frôle 400.000 morts, le risque de nouvelles violences après l’intrusion du 6 janvier au Capitole, a contraint le comité d’organisation à alléger sensiblement le programme de la cérémonie et à limiter drastiquement l’accès au public qui affluait auparavant par centaines de milliers sur la pelouse du National Mall pour suivre les festivités. Cette esplanade a d’ailleurs été fermée depuis vendredi dernier jusqu’au lendemain de l’investiture.
M. Biden prend en effet ses fonctions dans une Amérique profondément divisée après une élection présidentielle âprement disputée où sa victoire a été contestée jusqu’au bout par son rival républicain. La violence de l’assaut sur le Capitole au moment de la certification des résultats, a accentué le désarroi.
A Washington, l'alerte est au maximum avec le déploiement de plus de 25.000 membres de la garde nationale et de la police, le FBI ayant averti contre le risque de manifestations impliquant des groupes d’extrême droite, dont des individus armés.
Des points de contrôle ont été installés tout autour de la capitale désormais déserte. Depuis quelques jours déjà, les artères du centre-ville, où se trouvent les sièges de la Maison Blanche, du Capitole et autres bâtiments fédéraux, ont été interdites d’accès aux véhicules et les stations de métro ont été fermées.
"Je suis triste à ce sujet, je dois vous dire que cela doit se faire ainsi", a déclaré la maire de la capitale, Muriel Bowser, à propos de l'état actuel de la ville. Mais, a-t-elle dit, "nous avons une responsabilité particulière: assurer une transition pacifique du pouvoir dans notre pays" après les violences au Capitole qui ont donné lieu à une vaste traque contre les émeutiers, parallèlement à des restrictions massives sur le web.
Même engagement en faveur d’une transition "en toute sécurité" de la part du vice-président Mike Pence qui assistera à la prestation de serment du prochain président.
Tout en se disant "scandalisé par la violence, l'anarchie et la pagaille" lors de l’attaque du siège du Congrès, Donald Trump a indiqué que "l'heure est à l'apaisement et à la réconciliation". Il a confirmé néanmoins qu'il ne sera pas présent à la cérémonie d’investiture de Biden.
Dans l’histoire des Etats-Unis, seuls trois présidents ont manqué la prestation de serment de leur successeur: John Adams en 1801, son fils John Quincy Adams en 1829 et Andrew Johnson, un démocrate qui a manqué l'investiture de 1869 après avoir été remplacé par le Républicain Ulysses S. Grant.
En vertu du 20ème amendement à la Constitution américaine, le mandat de chaque président et vice-président élu commence à midi le 20 janvier de l'année suivant l'élection. Chaque président doit prêter serment et il ne peut assumer ses fonctions sans le faire et la cérémonie organisée à cet effet symbolise le transfert pacifique du pouvoir du président sortant à son successeur.
Parmi l'assistance figureront les anciens présidents Barack Obama, George W. Bush et Bill Clinton. A 96 ans, Jimmy Carter a annoncé qu’il ne se rendrait pas à la cérémonie de prise de fonction de Biden.
Selon les médias, le comité d’organisation de cet événement au format bien réduit n’a autorisé que quelque 2.000 personnes à assister, encourageant les Américains à suivre de chez-eux et à participer à des événements virtuels afin de maintenir l’esprit de célébration en évitant les grandes foules en cette période de crise sanitaire. Musique, poésie et danse sont au programme avec la participation de plusieurs stars afin de "rendre hommage aux héros américains en première ligne face à la pandémie".
M. Biden va prêter serment sur les marches du Capitole, avant de prononcer un discours d’investiture portant sur l’unité et la réconciliation afin de confronter les crises sanitaires et économiques et les fortes tensions sociales qui érodent le pays.
Deux grandes célébrités animeront la cérémonie: Lady Gaga chantera l'hymne national et Jennifer Lopez donnera un spectacle musical.
Bien que le traditionnel bal sera annulé et que de nombreux événements soient virtuels, l'objectif restera de maintenir une "célébration inclusive et accessible qui rassemble les Américains et unifie notre nation, en particulier pendant une période aussi difficile", a indiqué le comité présidentiel d'investiture.