Monuments, sites culturels, diversité architecturale, musiques, folklore, artisanat, gastronomie et terres agricoles fertiles… Meknès est, pour le moins, chargée d’âme et d’authenticité.
Ville aux 100 minarets, elle garde toujours les traces de plusieurs civilisations qui s’y sont succédé depuis les Phéniciens et les Romains avec Volubilis, en passant par les Meknassas, tribu berbère, qui fondèrent la ville, en arrivant à la dynastie Alaouite qui en fit leur capitale.
En dépit de tous ces atouts, ingrédients nécessaires pour le tourisme culturel ou spirituel, la Capitale ismaïlienne ne jouit plus de la réputation qui était la sienne, d’autant plus qu’elle ne bénéficie pas d’une promotion suffisante pour mettre en lumière les énormes potentialités dont elle regorge.
A ce sujet, les observateurs constatent qu'une certaine confusion subsiste entre le Conseil préfectoral du tourisme de Meknès (CPTM) et le Conseil régional du tourisme (CRT) de Fès.
Dans ce sens, le président du CPTM, Adil Terrab, a indiqué qu'au niveau de Fès-Meknès, "nous, l’ensemble des professionnels", n’avons pas réussi à partager une vision commune pour mettre en place un CRT, qui puisse représenter toute la région, tant bien sur le plan territorial que celui de la représentativité de tous les corps du métier.
Ainsi, chaque province de la région a continué à œuvrer pour la promotion de son tourisme local au niveau de son propre CPT, a-t-il poursuivi, relevant toutefois qu'"un regroupement de professionnels qui ne représente que la Cité spirituelle a choisi d’appeler son Conseil (CRT) au lieu de (CPT)".
"Partant +peut-être+ du principe que la ville de Fès est un chef-lieu, ces professionnels ont remplacé le +P+ par le +R+", a expliqué M. Terrab, précisant que le CPT de Meknès et le CRT de Fès entretiennent des relations cordiales et travaillent ensemble dans le cadre de la complémentarité.
Aux côtés de "ce problème d'appellation", des données de la Délégation régionale du Tourisme (DRT) démontrent clairement que le déficit touristique dans la ville de Meknès est dû à une insuffisance d’infrastructures, en raison d'une faiblesse d'investissements, résultant de l'absence d'initiatives et de la complexité des procédures.
Dans ce sens, le délégué régional du tourisme à Meknès, Ahmed El Khamlichi, a attiré l'attention sur la dominance des établissements d'hébergement touristique (EHT) de moyen standing au détriment d’unités d’hébergement touristique haut de gamme.
Selon des chiffres de la DRT-Meknès, la ville ne dispose d'aucune structure hôtelière classée cinq étoiles. Elle ne comprend que 6 hôtels classés 4 étoiles avec une capacité litière de 1567, 10 hôtels 3* (1111 lits), 4 hôtels 2* (318 lits), 3 hôtels 1* (180 lits), ainsi que 10 hôtels non classés.
S'agissant des maisons d'hôte, il existe 7 de 1ère catégorie et 33 de 2ème catégorie, ainsi que 3 résidences hôtelières classées.
La Délégation régionale signale également une absence de formules Hôtels-Clubs, Camping-caravaning international, de grandes enseignes hôtelières et d'offres de restauration gastronomique de haut standing, de restaurants touristiques, de sociétés de transport touristique routier et d'agences de voyage. Quant à l’activité de celles-ci, elle reste limitée à la billetterie, "Omra et Hajj".
Il s'agit, en outre, d'un manque d’assiettes foncières, réservées à l’investissement touristique, précise la DRT-Meknès.
La Covid-19 : la crise qui précède les solutions ?
Les répercussions de la pandémie du nouveau Coronavirus ont non seulement engendré un arrêt quasi-total de l'activité touristique, mais aussi une suspension de la majorité des actions promotionnelles, notamment l'événement phare qu'abrite la ville, à savoir le Salon international de l'Agriculture de Meknès (SIAM), ainsi que les foires et l’évènementiel.
La Covid-19 a suscité ainsi un sentiment d'incertitude accablant chez les opérateurs touristiques.
À cet égard, le Directeur du CPT de Meknès, Mohamed Saji, a souligné que juste après l’apparition du virus, il était question pour le Conseil de mettre en place un plan d’action ayant pour objectifs de transformer cette crise en opportunité, en participant activement à des échanges avec l’Office national marocain du tourisme (ONMT) et en proposant à ses responsables une série d’actions et de produits promotionnels à insérer dans son plan d’action.
Par ailleurs, le responsable a également mis en avant le programme de réhabilitation des différentes richesses historiques et des monuments de la ville.
"Il a fallu attendre près d'un quart de siècle après la déclaration de Meknès patrimoine universel de l’humanité par l'UNESCO en 1996 pour qu'elle bénéficie d'un programme de réhabilitation de ses richesses en divers monuments (remparts, mosquées, medersas, portes, fontaines, places historiques, jardins etc.)", s’est-il félicité.
Il s’agit d’un projet de 800 millions de dirhams, qui s’inscrit dans le cadre du vaste chantier royal de réhabilitation des anciennes médinas.
Ce programme, qui a fait le bonheur aussi bien des opérateurs du tourisme que de la population locale, permettra certainement une mise en valeur optimale de ce potentiel culturel afin de tirer vers le haut l’attractivité touristique de l’une des plus belles villes impériales.
Dans la même lignée, l'ONMT, après sa tournée régionale, ambitionne de mettre Fès et Meknès sur les starting-blocks de la reprise, tant attendue.
De l'avis des professionnels, la stratégie de relance devra être particulièrement offensive et les leviers devront être activés rapidement.
Bien conscient que les professionnels du tourisme de la région Fès-Meknès traversent une crise particulièrement difficile, l'ONMT a souligné l'impératif de fédérer et de mobiliser les énergies et les efforts de tous les intervenants du secteur pour mettre sur pied les jalons d'une reprise à même de permettre à la Cité ismaïlienne de retrouver sa place de choix parmi les grandes villes du Royaume.