Le dirigeant conservateur a réussi le test des dernières échéances électorales pour renforcer la présence de son parti au parlement, après sa victoire écrasante lors des dernières législatives organisées en 2019 pour sauver le Brexit.
Johnson se retrouve désormais en position de force, malgré les accusations portées contre lui par son ex-conseiller Dominic Cummings.
Cet ancien artisan du Brexit l'a notamment accusé d'avoir fait fi des milliers de morts causés par la pandémie, pour s'opposer à un troisième confinement en décembre et d'avoir obtenu des dons illégaux de députés conservateurs pour rénover son appartement à Downing Street pour près de 200.000 livres (230.000 euros), un montant bien supérieur aux 30.000 livres couverts par les fonds publics.
Cummings n'a pas hésité à lancer des attaques violentes contre Johnson l'accusant d’"incompétence” et mettant en cause son intégrité dans plusieurs affaires récentes.
Bien que lancées en pleine campagne électorale, ces allégations n'ont pas vraiment affecté l'électorat conservateur, dont l’opinion s'est traduite aux urnes.
Sortis vainqueurs du scrutin local, avec 2345 sièges remportés sur les 5.000 dans 143 assemblées locales en Angleterre, les Tories ont non seulement détruit le "mur rouge" construit par les travaillistes depuis près d’un siècle dans la zone post-industrielle du Nord-Est de l'Angleterre, mais ont aussi fait tomber sa dernière pierre en remportant un siège à Hartlepool, fief des travaillistes depuis 1964.
La victoire des conservateurs dans cette zone défavorisée, où les promesses de plusieurs générations travaillistes n'ont pas été tenues, constitue un exploit non négligeable pour le premier ministre Boris Johnson qui a réussi à se racheter aux yeux de ses partisans grâce, notamment au succès de la campagne de vaccination contre le Covid-19 et sa mise en œuvre effective du Brexit.
Le dirigeant conservateur devrait maintenant expliquer comment il entend donner corps à sa stratégie de "levelling up" (remise à niveau) dans ces ex-bastions travaillistes au Nord et au Centre de l'Angleterre, en proie au chômage et au manque d'infrastructures.
D'autre part, le premier ministre est confronté au défi de préserver l'unité du Royaume-Uni, après la victoire des indépendantistes lors des élections du Parlement écossais. Ces derniers réclament la tenue d’un nouveau référendum sur l'indépendance de l'Ecosse, auquel Boris Johnson s'oppose fermement.
Dans son nouveau programme législatif présenté lundi dans le discours traditionnel de la Reine Elizabeth II marquant l'ouverture de la nouvelle session parlementaire, M. Johnson a promis d'accompagner la reprise économique, combattre la criminalité, agir pour le climat et "remettre à niveau" les zones les plus défavorisées.
"La priorité de notre gouvernement après la pandémie est de rebâtir un Royaume-Uni fort, sain et plus prospère qu'auparavant. Pour cela il faudrait saisir toutes les opportunités à travers le pays, en créant des emplois, en soutenant les entreprises et en boostant la croissance économique", a-t-il précisé dans son programme lu par la reine.
Il s’est aussi engagé à donner la priorité aux investissements dans les infrastructures de transport, les industries vertes créatrices d'emplois ainsi que les nouvelles technologies de communication, notamment le réseau 5G et l'internet à haut débit.
Aussi, pour stimuler l'économie après le Brexit, le dirigeant conservateur prévoit la création de huit ports francs un peu partout en Angleterre. Il s'agit de zones fiscalement considérées hors du territoire douanier du pays, pour rendre l'activité commerciale plus facile et moins coûteuse.
Il compte aussi diversifier les échanges et approfondir les liens commerciaux avec de nouveaux partenaires en Afrique, en Asie et dans la région du Golfe.
Boris Johnson compte également poursuivre le déconfinement, alors que le pays connaît une nette amélioration de la situation sanitaire (moins de 2 000 nouveaux cas positifs par jour), tandis que sa campagne de vaccination va bon train. En effet, plus de 54 millions de personnes vaccinées au total, dont plus de 35 millions ont reçu une première dose et plus de 18 millions ont eu une deuxième injection.
Ainsi, à partir du 17 mai, les cafés, pubs et restaurants, dont seules les terrasses sont ouvertes actuellement, pourront recevoir des clients à l'intérieur, alors que les cinémas et musées ouvriront leurs portes et les stades pourront à nouveau accueillir des supporters, avec une jauge maximale de 10.000 personnes.